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Chronique

Le gouvernement du vide, par Michaël Fœssel

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Au cours des mois qui nous séparent de la présidentielle, tout va se jouer entre le désir de ne pas être trop gouvernés et celui de s’abandonner à un pouvoir qui voudra s’exercer sans obstacle.
Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 13 mai 2025. (Telmo PInto/NurPhoto. AFP)
par Michaël Fœssel, professeur de philosophie à l’Ecole polytechnique
publié le 22 mai 2025 à 6h10

Depuis l’adoption du budget par 49.3 en février, la vie politique française est en apesanteur. A l’exception des projets de loi plus ou moins consensuels (comme ceux sur les soins palliatifs et la fin de vie), les réformes sont remisées dans les placards. Dans une Constitution où l’initiative de la loi revient pour l’essentiel au gouvernement, l’agenda politique semble désespérément vide. Rarement la formule emphatique «avoir un emploi du temps de ministre» aura semblé aussi creuse.

Heureusement pour les médias, et malheureusement pour le monde, l’actualité internationale est riche en «actualités», autant dire en drames sanglants qui, de Gaza à l’Ukraine, font la une. On peut aussi compter sur les sautes d’humeur de Trump pour occuper l’espace. Mais en ce qui concerne la «réforme» présentée depuis des lustres comme l’impératif catégorique de la politique française, c’est le calme plat. Pour maintenir la fiction selon laquelle quelque chose va tout de même changer en France, on évoque des référendums sur tout et à peu près n’importe quoi.

Cette situation n’a pas que des inconvénients.