Chacun avait son feeling dimanche après-midi, son pressentiment. Pour ma part, j’ai vu et annoncé autour de moi un signe d’espoir, vers 17 heures, en me sentant submergé par la beauté éclatante d’un parterre de tulipes. Signe dont j’ai eu la confirmation fugace vers 22h30, quand la courbe de Mélenchon est venue chatouiller celle de Le Pen, laissant croire à un formidable séisme politique nocturne. J’avais eu, disons, une quasi-prémonition. Fort de cette expérience, je souhaite rouvrir un dossier d’importance : peut-on pressentir le futur ? Dit autrement, le futur est-il vraiment au-devant de nous, à cacher son jeu, ou bien a-t-il déjà eu lieu, à nous faire des petits signes pour qu’on le devine ?
Pour rêver, il faut se réveiller après
Première réponse, que je tiens de mes observations personnelles et de mon expertise en neurobiologie du sommeil : le futur est capable d’agir rétroactivement sur le présent. Eh oui : il est établi que le fait de se souvenir d’un rêve, c’est-à-dire de l’avoir vécu consciemment, dépend des conditions et du timing du réveil. Dans les années 60, des expériences d’interruption du sommeil ont montré que si l’on réveillait des sujets d’expérience brutalement, à des heures indues, pendant leur sommeil paradoxal (pendant lequel se passe l’essentiel de nos rêves), ceux-ci se souvenaient beaucoup plus d