«Un pandémonium». Quelques journalistes lettrés ont trouvé le mot juste pour décrire l’immense désordre de la finale de la Ligue des champions à Saint-Denis. Le néologisme, forgé par le poète anglais John Milton (Paradise Lost, 1667), désigne la capitale de l’Enfer où fut bâti le palais de Satan, un immense édifice tout d’or et d’orgueil. C’est là que Satan y convoque un jour tous les démons du monde pour un grand conseil ; et ceux-ci s’y pressent alors «par troupes de cent et de mille, avec leurs cortèges. Tous les abords sont obstrués ; les portes et les larges parvis s’encombrent», raconte encore Milton. Bref, peu ou prou ce que racontèrent toutes les télés du monde, qui dessinèrent des cornes aux affreux Anglais et des ailes de dragons aux pickpockets de Saint-Denis qui se mêlèrent à la cohue et escaladèrent les grilles du stade en crachant du feu.
La France s’est obsédée pendant une semaine pour ce fiasco, mais on aura peu parlé d’histoire – si ce n’est, à juste titre, pour évoquer les fans de Liverpool, qui surent patienter alors qu’ils étaient bloqués par la police sur la route du stade, le long de l’A1 ; une foule qui a su faire foule, garder un relatif sang-froid, parce qu’elle porte encore la mémoir