Pour combattre son ennemi, mieux vaut bien le connaître : «Keep your friends close but your enemies closer», («sois proche de tes amis, et encore plus de tes ennemis»), comme disait Don Corleone… La gauche française pourrait bien avoir oublié ses classiques en se trompant sur les intentions de la droite : celle-ci chercherait à affaiblir l’Etat et à laisser faire le marché. Nous, les woke, on se prend à rêver que le «quoi qu’il en coûte» des deux dernières années marque un grand retour de l’Etat et un aveu d’échec du libéralisme. C’est bien se méprendre sur ce qui constitue le libéralisme contemporain.
Michel Foucault est le premier à avoir analysé les ruptures philosophiques de ce régime dans son cours au Collège de France prononcé de janvier à avril 1979. La lecture de ses leçons est très émouvante car l’édition de 2004 reproduit la parole de Foucault et on a l’impression de l’entendre parler. Il est le premier à établir que le point de rupture entre libéralisme classique et le néolibéralisme est la place de l’Etat et son action dans la sphère sociale. Contrairement au libéralisme du XIXe siècle, le néolibéralisme ne se place pas sous le signe du laissez-faire comme on l’enseigne encore souvent par erreur.
Au contraire, il prône une politique active et «extrêmement vigilante». Le problème n’est pas de laisser de la place au marché sur lequel l’Etat ne pourrait pas intervenir mais plutôt de définir un style gouvernemental compatible avec le marché. Il faut «r