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Le prix Nobel a-t-il un problème avec les femmes scientifiques ?

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La saison 2024 des prix Nobel alimente, une fois de plus, la chronique de l’invisibilisation du travail des femmes dans la science moderne et remet sur la table la question de la pertinence des prix individuels en sciences.
L'Américain Victor Ambros et sa femme, Rosalind Lee, après l'annonce du prix Nobel de médecine, le 7 octobre à l'Université du Massachusetts, à Worcester. (Steven Senne/AP)
publié le 10 octobre 2024 à 12h07

Le post de trop. Lundi 7 octobre, le comité Nobel a publié sur X une photo du colauréat du prix Nobel de médecine, Victor Ambros, tout sourire, avec sa femme, Rosalind Lee. L’image est accompagnée d’une légende : «Ce matin, il a fêté l’annonce de son prix avec sa collègue et épouse Rosalind Lee, qui était également le premier auteur de l’article “Cell” de 1993 cité par le comité Nobel.» Devant une large audience, le comité Nobel reconnaît donc l’apport de Lee dans les recherches primées, mais sans lui décerner de récompense.

«Ce message est trop énorme, réagit Florence Sedes, professeure d’informatique à Toulouse et membre du bureau de l’association Femmes et sciences, mi-amusée, mi-médusée. Je fais des présentations sur la notion de biais, je l’ai immédiatement intégré à mes slides. Le fait qu’il précise le rang de citation des co-auteurs est vraiment éclairant sur les pratiques du milieu. La co-autrice et épouse est snobée mais l’auteur du post n’a pas l’air de se rendre compte du problème.» Comme elle, d’autres scientifiques s’interrogent sur les réseaux sociaux. Ils sortent la liste des articles cosignés par Ambros et Lee et interpellent l’assemblée Nobel de l’Institut Karolinska, qui décerne le prix en médecine.

Effet Matilda

Il faut dire que l’institution est le reflet du se