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Chronique

Le slogan «No Kings» ou le réveil de l’âme des Etats-Unis, par Michaël Fœssel

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Le trumpisme décortiquédossier
Les mobilisations de millions d’Américains le 14 juin contre Donald Trump ont fait le pari du rejet de la pompe monarchique, qui s’inscrit en profondeur dans l’histoire du pays et qui est la dernière chose à faire consensus.
Manifestation anti-Trump, sous le slogan «No Kings Day», le 14 juin 2025 à Los Angeles, en Californie. (Mario Tama /Getty Images. AFP)
par Michaël Fœssel, professeur de philosophie à l’Ecole polytechnique
publié le 18 juin 2025 à 14h52

Pour la première fois depuis l’élection de novembre 2024, les opposants à Trump ont constitué un front uni. En défilant le 14 juin par millions sous une même bannière, ils ont réussi à faire échec à la stratégie du chaos mise en œuvre par l’administration Trump dans le but de rendre inaudible toute contestation. Le leader américain attaque sur tous les fronts, national comme international, change de braquet presque chaque jour et désigne quotidiennement à la vindicte publique un nouvel ennemi (jusqu’à faire, récemment, d’Elon Musk un traître à la cause). Une politique injuste et violente a besoin de faire croire qu’elle est imprévisible. C’est un moyen de décourager les opposants condamnés à attendre le prochain revirement.

Le seul moyen de mettre en difficulté cette stratégie est d’élaborer un mot d’ordre compréhensible par tous et qui s’inscrit en profondeur dans l’histoire américaine. La bannière «No Kings» remplit toutes ces cases : elle définit le plus simplement possible l’idéologie Maga et elle l’assimile à une trahison de l’Amérique. Le génie du