Le soir je me lève enfin (de ma chaise) et je monte sur la terrasse. Le ciel est généralement lavé, les étoiles absentes. Je retrouve mes amies les mouettes, qui volettent tout le jour devant ma fenêtre, et dont certaines aiment s’attarder jusqu’à l’heure violette. Je pose mon matelas au sol et je commence. Lorsque j’ai fini les exercices, je m’approche de la grande table en bois et j’appuie sur play. Grognement animal, basse lourde, beat brutal. Je lance ce pas de danse absurde que j’ai perfectionné au cours des années dans des salles interlopes et des hangars, je balance, avant, arrière, les mains sur le côté qui tournent sur elle-même, je plie légèrement sur les jambes et marque le rythme avec les hanches. Le soir, après une journée à ma table en bois Ikea, qui oscille sur ses bases et que j’adore, j’organise des fêtes endiablées avec moi-même.
La chanson qui lance les hostilités s’appelle Nudge It, du groupe anglais Sleaford Mods. C’est un brûlot punk qui ravage tout sur son passage, sale, mal élevé, radical, qui me soulève et m’enchante. Elle m’a littéralement sauvé des journées entières avec son beat droit dans les jambes et son chant furieux, qui ont le don de réveiller ma carcasse.
Je m’interroge depuis des mois, pour un projet au long cours, sur ce que pourrait bien être le son d’une époque. En me plongeant dans les cent dernières années, je me demande à chaque virage ce qui se joue dans cet accord de guitare, dans cet air de free jazz, cette guitare lac