Le terme «école» vient d’un mot grec qui signifie «absence d’occupation». En latin, le même concept était exprimé par le mot otium, «oisiveté», l’absence totale de négoce, d’affaires, de tâches, de commerce. L’école n’est plus cela depuis des siècles. C’est un espace où le savoir est un devoir, un métier, et où tous les savoirs doivent préparer les élèves au travail. Jamais l’école n’a eu besoin de revenir à l’idée exprimée par son nom même.
Nous vivons dans un monde où le travail disparaît. Pas seulement dans le sens où il devient de plus en plus une denrée rare. C’est surtout l’idéal du travail lui-même qui disparaît. Ce que l’on appelle aux Etats-Unis «la Grande Démission», le renoncement à faire du travail l’horizon définitif et exclusif de son identité, est désormais un phénomène omniprésent dans les sociétés occidentales. Il ne s’agit pas d’une lubie des jeunes générations : la richesse n’est plus produite par le travail, et le travail n’apporte plus la prospérité qu’il avait toujours promise. Tout emploi, toute occupation est devenue