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Chronique «Si j'ai bien compris...»

Légion d’honneur de Gérard Depardieu : l’honneur a ses bras, par Mathieu Lindon

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Après les propos obscènes de l’acteur diffusés par «Complément d’enquête», il est sous le coup d’une procédure disciplinaire de la chancellerie pour lui retirer la décoration. Mais Gérard Depardieu est un Légionnaire dont la rosette vivra sans doute ce que vivent les rosettes.
Gérard Depardieu a reçu la Légion d'honneur de Jacques Chirac, le 2 mai 1996, à l'Elysée. (Vincent Amalvy/AFP)
publié le 13 janvier 2024 à 7h22

Si j’ai bien compris, la Légion d’honneur se retrouve victime collatérale du Complément d’enquête autour de Gérard Depardieu. Il fut une longue époque, en gros depuis l’abdication de Napoléon, où cette Légion était un peu raillée. C’est la fameuse phrase prêtée au compositeur Erik Satie : «Point ne suffit de refuser la Légion d’honneur, encore faut-il ne pas l’avoir méritée.» On suppose que Gérard Depardieu, qui a remis sa décoration à disposition, s’estimerait heureux de pouvoir calmer les clameurs à si bon compte. Pour chiraquiser son style, on suppute que ça lui en toucherait une sans faire bouger l’autre. Sauf qu’il semblerait qu’en 2024, si tu n’as pas la Légion d’honneur à 50 ans, tu as raté ta vie. Les maximes de Flaubert n’ont plus cours : «Les honneurs déshonorent ; Le titre dégrade ; La fonction abrutit.» Aujourd’hui, une vie réussie, ce serait avoir le prix d’excellence dans sa jeunesse, la Légion d’honneur dans sa maturité et être panthéonisé le cadavre encore chaud.

On soupçonne d’ailleurs, si on peut se permettre d’affubler de psychologie le président Macron, que dans ses mots pour soutenir Gérard Depardieu, l’honneur de la patrie, il y ava