Nous vivons depuis le 24 février au rythme d’une nouvelle guerre. Depuis cette date, nous sommes les témoins indignés du martyre de Kyiv (Kiev), Kharkiv et Marioupol, les admirateurs de l’armée d’Ukraine et des civils en armes contre l’offensive russe et les acteurs d’un débat sur les modalités de notre rôle dans ce conflit : condamner et sanctionner la Russie, secourir et armer l’Ukraine, accueillir les déplacé·e·s ? Une frénésie mobilisatrice s’est emparée des champs médiatique, politique et civil. Les initiatives locales et associatives se multiplient et interrogent la versatilité de nos engagements. Ainsi réquisitionne-t-on des hôtels pour l’accueil de réfugiés qui ne sont apparemment pas tout à fait ces migrants originaires de contrées plus éloignées, à la vue desquels nous nous sommes manifestement accoutumé·e·s, et qui ne méritent pas les mêmes attentions que les Ukrainiens. Certaines guerres sont, semble-t-il, plus graves que d’autres.
Dans cette nébuleuse des mobilisations face aux horreurs d’une guerre à la fois inégale et héroïque, les parallèles historiques sont tentants, aussi éclairants que biaisés. On pense à la Grèce des années 1820 ou bien à l’Espagne de 1936. Dans la presse régionale, un fait divers raconte une petite histoire parmi d’autres, qui renvoie à une autre guerre du XXe siècle, celle de 1914