La lecture du conflit israélo-palestinien en termes de «guerre de civilisation» est en passe de s’imposer. En Europe et aux Etats-Unis, l’extrême droite a popularisé le récit selon lequel, à la frontière d’Israël et de Gaza, se joue le destin de l’Occident uni contre les barbares musulmans. En face de cet Occident unifié à la va-vite, le Hamas se réclame lui aussi d’une civilisation, forcément islamiste et opposée à la masse des infidèles qu’il faut réduire à néant à défaut de pouvoir les convertir. Le monde semble partagé entre ces deux grands récits irréconciliables : le Nord penche en faveur du premier, le Sud (réputé désormais «global») favorise le second.
Pour échapper à ces interprétations en termes de guerre des civilisations, on peut convoquer une histoire moins idéologique où les peuples ne s’affrontent pas dans le ciel des idées, mais sur la terre, avec leurs corps et munis d’armes très matérielles. On peut aussi s’inquiéter d’une guerre menée au nom de valeurs absolues et dont l’issue ne peut passer que par l’anéantissement d’un ennemi maléfique. Mais il faut surtout en revenir à ce qui, de la manière la plus tragiquement évidente, fait obstacle à l’identification d’une guerre à une croisade : les innombrables enfants victimes de ces affrontements entre «civilisés».
Lors des massacres du 7