J’aime les corps en mouvement, leur évidence, leur violence, leur détestation des limites, des frontières et de la gravité. J’aime les corps séduisants, exagérés ou difformes, quand je me méfie des beaux esprits et des bons sentiments. J’aime les corps nus ou habillés, glorieux ou abîmés, parfaits ou recomposés. Je ne crois qu’aux corps exposés et émancipés, ces corps qui foutent la rage aux différents puritanismes qui veulent les voiler, les séparer, les isoler. J’aime les corps sportifs, leur splendeur vacharde et leur terreur salvatrice. Cet été, j’ai été gâté. Les Jeux olympiques de Paris 2024 et leurs jumeaux paralympiques m’ont gavé à satiété du spectacle de ces muscles féroces et de ces prothèses flambantes, de ces thorax crucifiés pour une seconde perdue et de ces fauteuils roulants se percutant comme pour une course de chars romains menés par des gladiateurs sous cocaïne.
Je ne vais pas vous raconter que je regarde de la même façon les corps forcés de ces forcenés que sont les athlètes classiques et les corps reconstruits par le handisport. Mais j’ai la même trouble fascination pour la façon dont les uns et les autres se sculptent un destin entre excès de volonté, masochisme avéré et mise en scène de leurs avantages charnels et de leurs ambitions carnassières. Prenez Florent Manaudou et