Les difficultés d’approvisionnement en armes de l’Ukraine montrent que le «réarmement» invoqué par Emmanuel Macron n’est pas seulement «moral» ou «démographique». Depuis plusieurs mois, on parle en Europe du passage nécessaire à l’économie de guerre. Devant les industriels de l’armement, le Président a appelé les fabricants d’armes à un sursaut, mettant en cause une «forme d’engourdissement» dans la production d’obus et de canons destinés à Kyiv.
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L’opportunité du passage des pays de l’Union européenne dans une économie de guerre pose une série de problèmes qui se laissent en définitive ramener à un seul : un Etat peut-il réorienter son économie vers la guerre sans entrer lui-même en guerre ? Cette question relève des «ambiguïtés stratégiques» dont parlait Macron. L’aide militaire accordée à l’Ukraine agressée par la Russie est légitime, son intensification est devenue nécessaire. Comment faire pour accroître cette aide sans entrer dans la mécanique irrésistible d’un conflit généralisé ? Faute de pouvoir clairement répondre à cette question, l’UE se meut dans une ambiguïté qui, à l’heure actuelle, est sans doute inévitable.
Mais la réorientation, même partielle, vers une économie de guerre permet de tirer d’autres leçons qui ont l’avantage d’être moins angoissantes. «Réquisition», «mobilisation de la main-d’œuvre», «planification», «investissements publics massifs» : il y avait long