Les «faits divers» ne sont pas des «faits». Leur réalité est en fonction des discours journalistiques qui, plus que de les relater, les façonnent. La fameuse formule de Nietzsche selon laquelle «il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations !» s’applique parfaitement aux faits divers. Ils n’existent que dans leur narration : leur récit est construit autour du sens dont un crime ou un délit est censé être l’expression dramatique.
Bien qu’ils n’aient jamais été des faits, les faits divers avaient jusqu’à il y a peu l’avantage de leur diversité. Ils étaient mis à l’avant de l’actualité durant l’été, une période où les événements politiques marquent le pas pour cause de vacances. Afin d’intéresser un public somnolent, une grande partie de la presse se rabat sur des histoires sordides dont on ne connaît pas encore le fin mot et qui sont susceptibles de tenir en haleine des lecteurs qui n’ont rien d’autre à se mettre sous la dent.
Que l’affaire soit résolue ou pas, on l’aura oubliée en septembre. Mais, en attendant, l’occasion est donnée de découvrir des univers sociaux et psychologiques singuliers, de reconstituer des paysages pittoresques et de mettre le projecteur sur des classes sociales généralement absentes des discours médiatiques (la plupart des faits divers concernent les classes populaires ou la très grande bourgeoisie).
De la richesse des psychologies individuelles
L’intérêt traditionnel suscité par les faits divers était celui d’un exil hors des sentiers battus du journalisme : on découvrait des pers