Il est ironique de constater que l’année où Jordan Bardella, président du Rassemblement national, fait son entrée dans la fameuse «Liste des personnalités préférées des Français» publiée par le Journal du dimanche, est aussi l’année où le journaliste d’extrême droite Geoffroy Lejeune a été nommé directeur de la rédaction du même journal. Entre ces deux événements, le texte de la loi «immigration», salué par l’extrême droite, a été définitivement adopté. 2023 : Année pas jouasse.
Bardella se classe donc à la 30e position de la liste, pris en sandwich entre Alain Souchon à la 29e place et Mylène Farmer à la 31e. Allez comprendre. Une liste qui, chaque année, célèbre à sa tête l’inoxydable Jean-Jacques Goldman (l’homme le moins visible du monde) est une liste qu’il serait vain de chercher à analyser. Néanmoins, l’occasion qu’elle nous offre d’observer l’incroyable opération de séduction entreprise par le RN vaut sans doute la peine qu’on s’y arrête.
Chez Jordan Bardella, toujours impec, rien ne déborde. Apprécié des Républicains et des jeunes groupies en mal d’idole, le jeune loup a gravi les échelons à la vitesse d’un cyclone du Pacifique, sous le regard attendri de sa mère d’idéologie Marine Le Pen. Avec son minois d’après-guerre et ses cheveux insensibles au vent, il ressemble à s’y méprendre à un cadre du RPR. Bardella a choisi de porter la panoplie du Chirac d’antan, le Chirac trop sympa, le fraudeur en costard qui enjambait le tourniquet de métro. Un costume qui rati