Cela aurait dû être l’heure du printemps des sens, du bourgeonnement des plaisirs et des premiers effeuillages éhontés. On aurait dû sentir renaître les sèves séminales et voir rejaillir les feux des anciens volcans islandais. On aurait dû être ravi de bomber les poitrails sur les foirails et de gonfler les poitrines à l’air libre, ni en vitrine ni en vitrail.
A l’inverse, nous revoilà sous cloche à sonner la retraite et à répéter en mineur les restrictions d’avant. Nous voilà réduits à contingenter nos désirs comme prescrit par la pandémie, et par l’époque aussi, friande d’accordailles surtout pas canailles.
Je sais bien qu’il est présomptueux de vouloir évaluer la chute du baromètre des enthousiasmes physiques. Et que le baby flop annoncé n’est qu’un élément annexe des éros érodés. Cupidon flèche où il veut et chacun sait ruser avec l’interdit pour arriver à ses fins. Pour autant, je prétends que les libidos standards sont assez à zéro. La maladie et la mort, qui rôdent en hologrammes, transbahutent un morne effroi qui met chacun raplapla. Reste-en-plan conjugaux au coin du feu, nous ne sommes plus que des Bernie Sanders emmitouflés. Après en avoir fini avec la marmaille très racaille, nous voilà flapis à nous émoustiller à l’ancienne, entre lecture des mémoires de Sharon Stone, reine des grands écarts désormais proscrits, et regards jetés en douce aux aventures de Mme Claude, maquerelle cruelle de l’ère… Pompidou, au temps passé où la prostitution triomphait.
1) Perceptions troublées
Quatre de