Menu
Libération
Chronique «Ecritures»

Les loups étaient si près, par Lola Lafon

Article réservé aux abonnés
Chronique «Ecritures»dossier
A la suite des élections législatives, ce qui a perdu, c’est cette assurance avec laquelle on affirme que la fin de l’histoire est déjà écrite. Ce qui a gagné, c’est de continuer à chercher un nouveau départ.
Au soir du second tour des législatives qui a vu s'imposer le NFP, place de la République, à Paris, le 7 juillet 2024. (Denis Allard/Libération)
par Lola Lafon, écrivaine
publié le 12 juillet 2024 à 19h37

Au matin de l’élection, une amie m’écrit ceci : «Quel soulagement ! Bien sûr, on le sait qu’on va encore être déçu·es, indigné·es, en colère, à l’offensive et parfois déprimé·es, mais…» Mais, même si on le sait, cela n’enlève rien à l’émotion, ni au plaisir de voir les passionnés de catastrophes détrompés : tous ceux et celles qui ont parié sur la peur, ceux qui ont misé sur nos lassitudes, nos découragements.

Oui, on sera probablement déçu·es. Et on les fustigera, ces député·es qu’on a porté·es à la victoire, s’agaçant de leurs arrangements, de leurs atermoiements, de leurs contradictions. Mais les élu·es ne sont pas des messies. Et voter n’est pas adouber ; c’est accorder, avec discernement, sa confiance momentanée à une proposition politique.

Le désir de former un «non» commun

Ce qui a vraiment gagné, dimanche 7 juillet, c’est le désir de former un «non» commun. Ce qui a gagné, aussi, c’est se reconnaître dissemblables et faire le choix de s’engueuler plus tard. Ce qui a gagné, c’est le pari d’essayer. Ce qui a gagné, c’est l’élan. Ce qui a perdu, momentanément, c’est le «à quoi bon», c’est le «c’est comme ça», c’est le «à quoi ça sert», c’est le «tous les mêmes».

C’est un certain cynisme de bon ton, qui, depuis tant d’années, s’acharne à rabaisser tout ce qui ressemble