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Européennes

Les macronistes ont-ils raison d’invoquer Munich 1938 ? par Michaël Fœssel

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
«Hier, Daladier et Chamberlain, aujourd’hui, Le Pen et Orbán», a notamment affirmé la tête de liste Renaissance aux européennes, Valérie Hayer. Pour le philosophe, on ne comprend rien à l’esprit de Munich si on ne rappelle pas qu’avant de capituler devant Hitler, Daladier s’était déjà beaucoup compromis avec une droite radicalisée.
Valérie Hayer à Lille, le 9 mars 2024. (Albert Facelly/Libération)
par Michaël Fœssel, professeur de philosophie à l’Ecole polytechnique
publié le 13 mars 2024 à 10h24

«Nous sommes à Munich en 1938.» Pour son premier discours de campagne, Valérie Hayer, tête de liste Renaissance pour les prochaines élections européennes, n’y est pas allée par quatre chemins. Emmanuel Macron expliquait, il n’y a pas si longtemps, que le combat contre l’extrême droite ne passait plus ni par les leçons de morale ni par les rappels historiques. Mais voilà que les sondages alarmants qui placent le Rassemblement national (RN) dix points devant le parti présidentiel ont changé la donne. «Hier, Daladier et Chamberlain, aujourd’hui, Le Pen et Orban» a affirmé la candidate : quand l’incendie menace la plaine, les analogies avec les heures les plus sombres de l’histoire refont subitement surface.

Comme on pouvait s’y attendre, le Rassemblement national et sa presse amie ont dénoncé des obsessions anachroniques devenues impuissantes à convaincre un public sans mémoire. L’extrême droite argumente toutefois en rappelant que