Entre le jeudi 10 et le samedi 12 août 1944, Karl von Frisch, éthologue et zoologue autrichien, futur lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine, obtint la confirmation expérimentale définitive que les abeilles sont capables de communiquer des messages extrêmement complexes. Ce n’est pas l’émission de sons qui leur permet d’échanger des informations : c’est une minutieuse danse qu’elles exécutent dans l’air avec leur propre corps qui leur permet de diriger le vol de leurs compagnes vers des fleurs situées à des distances considérables de la ruche. Ce n’était pas la première fois qu’on pouvait constater que d’autres êtres vivants étaient capables de parler et donc de penser. Ce ne fut pas non plus la dernière fois. Entre-temps, nous savons que ce ne sont pas seulement les animaux qui parlent. Quelques décennies après la découverte de von Frisch, des scientifiques dans le monde entier, parmi lesquels l’on peut citer Stefano Mancuso, Frantisek Baluska, Anthony Trewavas, démontrèrent que les plantes aussi sont auto-conscientes et capables de communiquer entre elles.
Cet ensemble de découvertes a été décisif et a le mérite de révolutionner notre vie pour au moins trois raisons. Tout d’abord elles montrent que l’esprit, l’intelligence, la réflexivité ne sont pas des qualités exclusivement humaines. Nous ne sommes pas seulement humains parce que nous pouvons parler ou penser, au même sens que ce n’est pas non plus la présence des yeux ou d’une bouche qui nous différencie des a