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Si j'ai bien compris...

Les vaccinés de la saint-glinglin

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Chronique «Si j'ai bien compris…»dossier
Il y a les snobs qui se pavanent le bras plein de produit. Et ceux qu’on vaccinera gratis aussi, mais demain, demain et encore demain.
publié le 3 avril 2021 à 23h16

Si j’ai bien compris, il y a une nouvelle catégorie sociale, les VIV, Very Important Vaccinés, lesquels se décomposent eux-mêmes en divers groupes, les Pfizer, les Moderna, les AstraZeneca, et, surtout, les qui ont déjà eu la seconde dose. En un mot : les vaccinés une étoile, deux étoiles ou trois étoiles. Et ce n’est pas par tricherie ni par hasard qu’a été élue cette élite vaccinale (quand elle n’a pas encore l’âge ou les comorbidités lui y donnant accès de plein droit) : c’est en hommage à son habileté, son talent, son mérite. Cette Légion d’honneur-là, personne ne la refuse. Tout le monde se pique d’avoir accès à la petite seringue : parce que je le vaux bien. Mais ce plaisir n’est pas accessible au tout-venant. Etre vacciné avant son tour, c’est chic, comme être invité à une première à l’Opéra, parader dans une loge à Roland-Garros ou se retrouver au jury du Festival de Cannes. Il y a ceux qui en sont et ceux qui n’en sont pas. Ce qui n’empêche pas les coupe-files du vaccin de s’indigner de l’incurie gouvernementale. «Quand je pense que mes grands-parents octogénaires n’ont pas encore été vaccinés !» peut dire le jeune vacciné scandalisé. Et il y a aussi les vaccinés honteux qui avancent masqués. «Oh, je n’ai rien demandé, ça s’est fait comme ça.» Et les vaccinés par alliance : «Ma femme est vaccinée, puisque c’est comme ça pourquoi pas moi ? Et j’ai amené les enfants, il n’y aura pas de jaloux.»

Et puis il y a une population beaucoup plus considérable : les non-vaccinés