Menu
Libération
Ecritures

L’été de tous les dangers

Article réservé aux abonnés
Chronique «Ecritures»dossier
Noyades, fortes chaleurs, décès stupides en voulant faire un selfie... Le temps de l’oisiveté et du farniente commence entre alerte et jubilation.
par Jakuta Alikavazovic, écrivaine
publié le 10 juillet 2021 à 11h46

Revoici l’été. L’été, dans notre imaginaire saisonnier, représente à la fois le temps du farniente, de l’oisiveté voluptueuse, et celui du risque. Je n’en ai pas toujours eu conscience, de cette dimension estivale-là ; je ne crois pas pour autant qu’elle soit nouvelle. A la même époque, en 1999, je passais des concours ; nous traînions dans notre lycée désert, tiraillés par la vague impression que quelque chose allait finir, que quelque chose pourrait commencer ; nous parlions de l’été. Un ami bien plus lucide que moi m’a dit : «Tu sais, ces bulles gonflables pour les hamsters ? Pour qu’ils “explorent” le monde ? Je suis à peu près sûr que j’en voudrai une pour mon enfant. Je suis à peu près sûr que j’en voudrai une pour moi.» Je me souviens que je n’ai pas du tout, mais vraiment pas du tout, compris ce qu’il voulait dire. Je me souviens d’avoir ri.

Mon insouciance passée n’était pas représentative du monde dans lequel j’évoluais ; mon inquiétude présente l’est sans doute davantage, et j’ai au moins la satisfaction, peut-être douteuse, de me sentir enfin chez moi, dans ce monde qui est le mien. C’est sans doute lié au fait que j’ai un petit enfant. Je ne regarde plus les choses de la même manière ; ni le soleil ; ni les chiens ; ni les piscines. Toutes ces piscines dans lesquelles j’ai eu au fil des ans tant de plaisir à me laisser tomber, presque par accident, presque par hasard, tout habillée au crépuscule – quand le ciel rose vire à un bleu poudré, que les cigales s