Les cours ont repris depuis un mois, et tu te sens parfaitement à ta place. Tu jouis d’une certaine popularité auprès de tes camarades, et tes fragilités, que tu fais habilement passer pour de la bonhomie, te valent la sympathie de tes professeurs. Tu ne le sais peut-être pas encore, mais dans quelque temps, tu vas devenir harceleur(euse) en chef.
Ton choix se portera sur le meilleur élève de la classe, que tu détesteras pour son empressement à répondre aux questions des profs, trop lèche-cul à ton goût, ou sur celle qui préfère les filles aux garçons, ou sur un autre que tu trouves laid, ou trop beau, ou pas assez bien habillé. Tout, pour toi, sera prétexte à persécution. Tu prendras bien soin de t’entourer d’un petit groupe de fidèles, des sous-lieutenants un peu idiots, qui t’escorteront partout.
Ce seront d’abord de «petites» humiliations : une bousculade dans les escaliers, un coup de coude dans les côtes, une remarque sur le pantalon trop cheum, le sac à dos claqué au sol. Certains élèves n’apprécieront pas ton comportement, mais pas un ne s’opposera à toi.
Grâce à ton travail de sape, ta proie va vite devenir ce que vous appelez communément un(e) cassos. Comme tu es bien vu de tes professeurs et que tu ne veux pas perdre ce privilège, tu ne séviras jamais en classe. C’est ailleurs que ton art du supplice s’exprimera : dans les couloirs, dans les toilettes, pendant la récré, dans le bus. Tous les angles morts. Sans oublier les réseaux sociaux : la grande extension du pire