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Libération
Chronique «Ré/Jouissances»

Lettre au wokisme qui existe bel et bien, par Luc Le Vaillant

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«Wokisme», le grand méchant floudossier
Tentative de définition de cette bien-pensance dite progressiste qui, après avoir facilité l’élection de Trump, pousse la gauche française à dénoncer et à proscrire.
En 2022, à Perpignan, lors de la journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie et pour les droits des LGBTQIA+. (JC Milhet/Hans Lucas. AFP)
publié le 19 novembre 2024 à 5h33

Cher wokisme,

J’ai bien peur qu’à ton grand dam tu aies apporté une contribution décisive à l’élection de Donald Trump. Tu as braqué une partie des Américains que fatiguent tes bons sentiments, tes postures morales et tes négligences économiques. Je connais ta tendance à vouloir interdire ce qui pourrait nuire aux plus faibles à qui tu ne rends pas forcément service en les sanctifiant en victimes ontologiques. Mais je ne vois pas pourquoi tu abjurerais tes convictions pour éviter que le grand blond aux godillots populistes t’écrase la gueule. Il le fera de toute façon, alors autant persister, signer et lui rire au nez.

Je ne vais pas aller te chercher querelle sur tes terres d’origine. Je vais plutôt te parler de l’effet que tu produis sur ce doux pays de France et surtout sur son hémisphère gauche. Tu prétends éveiller les consciences aux discriminations diverses et aux stigmatisations endémiques. Selon toi, celles-ci prospèrent en une viralité apocalyptique quand je continue à penser que nos contrées n’ont jamais été aussi civilisées. Tu es, paraît-il, un mec bien, mais j’ai l’impression que, justement, tu veux trop bien faire. Pour obtenir un respect majuscule pour les méprisés et une compensation rédemptrice pour les disgraciés, tu es prêt à sacrifier ces libertés formelles, ces garanties juridiques et ces exigences démocratiques, do