Mardi va être un grand jour. Tous les trois avec ton autre père, mon mari, nous allons nous voir pour la première fois. Nous nous attendions depuis longtemps. Toi depuis dix mois, le temps que tu as passé dans cette famille d’accueil qui t’a aidé à grandir. Et nous, depuis des années que nous nous préparons à t’accueillir. Il a fallu du temps pour préciser à deux une envie commune, entamer une longue et nécessaire procédure, attendre qu’elle aboutisse. Penser que deux hommes puissent y arriver nous a semblé d’emblée possible, bien qu’incertain. Nous avons bien fait. C’est encore rare, mais nous avons eu une chance précieuse : un département ouvert sur le sujet, des assistantes sociales et des psychologues bienveillantes, auxquelles nous n’avons pas craint de confier nos récits de vie et ce que nous imaginions pour l’avenir.
C’est la règle dans les adoptions : on ne sait jamais si, ni quand, la bonne nouvelle arrivera. Lorsqu’elle nous est parvenue, c’était un mercredi, trois jours après une nouvelle poussée électorale de l’extrême droite et l’annonce de la