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Chronique «Si j'ai bien compris…»

L’inéligibilité pour tous, par Mathieu Lindon

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Chronique «Si j'ai bien compris…»dossier
Et si un gouvernement des juges mettait tout le monde dans le même sac, torchons, serviettes et Marine Le Pen ?
On a l’impression que, si un juge était président de la République, les sanctions tomberaient comme à Gravelotte. Ici en 2018, au TGI de Paris pour les comparutions immédiates. (Marc Chaumeil/Libération)
publié le 7 décembre 2024 à 8h00

Si j’ai bien compris, tout le monde se plaint du gouvernement des juges, avec ce qu’il sous-entend – à tort ou à raison – de probité et d’impartialité. Il aurait, en tout cas, un élément rare en cette période : la stabilité. Un gouvernement des juges, on a l’impression qu’il serait là pour l’éternité, aveugle comme la justice dans ses bottes, vu qu’on ne va pas vous révoquer un magistrat pour cause d’erreur judiciaire dont, au demeurant, on ne se plaint pas toujours. On a le sentiment que les juges bénéficient d’un 49.3 permanent sans possibilité de motion de censure. Il semblerait que Marine Le Pen risque une peine d’inéligibilité. Et alors ? C’est anticonstitutionnel de condamner Marine Le Pen ? Et puis le jugement n’est pas encore tombé. Certains parlent du primat souhaité du vote sur la loi mais, vu la compétence des électeurs, peut-être que les magistrats sont parfois plus qualifiés, meilleurs juges.

Et si on interdit à Marine Le Pen d’exercer son métier d’élue sous prétexte qu’elle a mal agi, c’est la porte ouverte à une montée en flèche du chômage. Pourquoi alors ne pas empêcher un banquier qui a détourné les fonds de sa clientèle de rester banquier ? Pourquoi un médecin mal intentionné qui aggraverait exprès la santé de sa patientèle ne serait-il pas exclu du système de santé ? Pourquoi un professeur analphabète continuerait-il à engraisser le mammouth de l’Education n