Je n’ai rien d’un geek. Je me saisis des prothèses numériques à un rythme ralenti par l’arthrose de mon âge inadapté. J’attends que le grand public ait sorti le coupe-coupe émoussé de son habileté modérée pour me balader à sa suite dans la jungle déjà défrichée de l’«expérience utilisateur». Pour autant, les lunettes connectées m’ont toujours fasciné.
Si je ne les ai jamais chaussées, elles me semblent déjà vivre sur un grand pied et botter les fesses de diverses traditions démocratiques estimables et désormais tout à fait méprisées comme l’est la séparation entre intimité privée et libre accès public.
Elles ont cette quotidienneté prosaïque qui les ancre dans un réel cacochyme tout en rendant palpable leur puissance transgressive. Ce sont des simplettes devenues des dangers avérés aux pouvoirs acérés quand leur matrice, l’IA, reste une nébuleuse volatile dont on ne verra jamais personne mordiller les branches.
Les promoteurs de la captation sous cape
Pour que les lunettes connectées que je regardais avec une inquiétude enjouée et un intérêt éloigné fassent flamber ma parano, il a fallu que la proximité amicale se frotte à l’apeurement professionnel et que ça crépite en étincelles angoissées. Il est probable que, pour faire son office de délateur, le sale embrouilleur d’extrême droite qui a enregistré contre leur gré Thomas Legrand, mon copain de Libé,