Il est possible qu’au travers de cette dissolution Macron ait voulu prouver que le réel prenait encore le pas sur la fiction. Il est envisageable que cette décision suicidaire soit aussi une façon de baffer les ricanements qui menacent l’effectivité de son pouvoir tenu pour hagard, fantomatique, spectral, si ce n’est ridicule. Il est à craindre qu’il s’agisse de démontrer qu’il est encore au centre d’une galaxie menacée, de prouver qu’il est toujours capable d’intervenir. Il est clair que l’Elyséen empoigne la charrue démocratique pour labourer le champ des réticences et refonder une existence publique dont lui-même commence peut-être à douter. Disons que c’est parce qu’il voyait son impuissance exposée en pleine lumière et les remises en cause dévorer les entrailles de sa muraille qu’il a précipité la chronique d’un désastre annoncé. Au risque de se faire le scénariste du pire et de tomber dans certains travers des showrunners actuels. Ces façonneurs de suspense sont devenus les deus ex machina d’un brouillage des registres, les prophètes des malheurs que les dirigeants tentent d’éviter après les avoir mis en œuvre ou les mécanos des paniques qui surviennent quand on ne fait plus le distinguo entre rêves incarnés et illusions perdues.
Rebondissement accéléré. Le coup de théâtre est un dispositif usité, sinon usé, qui peuple mes feuilletons politiques préférés. Dans les classiques Borgen, House of Cards ou Baron noir, il y a parfois du raffinement