Menu
Libération
Chronique «Médiatiques»

Marine Le Pen : l’itinéraire exemplaire de la juge Perthuis, par Daniel Schneidermann

Article réservé aux abonnés
Sous protection policière et cible de menaces de mort depuis l’annonce de la condamnation de la leader du RN, la magistrate est caricaturée en «juge rouge» par la trumposphère française et les éditocrates de plateaux télé. Ecoutons-là plutôt dans un podcast de 2020.
Marine Le Pen lors d'une interview télé du 31 mars 2025, sur TF1, à Paris. (Julien de Rosa/AFP)
publié le 5 avril 2025 à 6h38

Un beau soir du début des années 2000, une consultante de 37 ans, mère de cinq enfants, tombe par hasard sur une émission de télévision, dans laquelle Eva Joly raconte sa carrière de magistrate emblématique des affaires politico-financières. C’est le déclic. Voilà le métier qu’elle veut faire, un métier qui a du sens. «Jamais avant je n’avais envisagé d’être magistrate» : les affaires politico-financières comme Elf ne la «passionnaient pas outre mesure». Mais soudain, flash, cela lui apparaît passionnant. Le lendemain, son mari lui rapporte un journal «qui parlait d’une femme médecin, qui avait passé un concours exceptionnel pour devenir magistrate. Pour moi, c’était un signe. Du jour au lendemain, ça m’est apparu comme une évidence».

Depuis quelque temps, elle est en quête de sens, hésitant pour sa seconde partie de vie entre «le domaine associatif et l’ENA». «Dénouer les fils des flux financiers, démêler les responsabilités, j’aime bien la démarche de comprendre.» Bénédicte de Perthuis raconte tout cela tranquillement, en 2020, sur le podcast professionnel Déclic, ce moment où tout bascule.

Il faut passer le concours de la magistrature ? Elle le passera, quitte à renoncer à des vacances au ski pour suivre une prépa en présentiel (monsieur, chef d’entreprise, se chargera seul des enfants). Admise, elle découvre alors un léger détail auquel elle n’avait pas pensé dans l’enthousiasme du déclic : toute Parisienne qu’elle soit, sa premièr