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Chronique Interzone

Monsieur le Président, la démocratie est et sera trans, par Paul B. Preciado

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Si la «transsexualité» est devenue ces dernières années un signifiant central dans les discours conservateurs, c’est parce que l’expérience de la transition de genre, autant que l’expérience migratoire, met en question la définition identitaire du corps et de l’Etat-nation.
Des drapeaux trans hissés place de la Nation à Paris, lors de la Marche des fiertés le 16 juin. (Victoria Valdivia/Hans Lucas. AFP)
publié le 22 juin 2024 à 7h31

Alors que les personnes trans réelles vivent une existence sociale, politique et économique précaire, privées de droits et de représentation politique, une image fantasmatique du «transsexuel» comme grande menace sociale est construite et brandie par les discours du populisme fasciste. Elle a été invoquée comme contre-argument électoral par le président de la République lui-même lors de la commémoration du 84e anniversaire de l’Appel du 18 Juin du général de Gaulle. Avec l’imprécision insultante de quelqu’un qui ignore les lois de réassignation d’identité de genre dans son pays, Macron s’approche d’un groupe d’électeurs potentiels et leur explique en petit comité, comme révélant un secret morbide auquel seuls les hommes du gouvernement ont accès, que l’extrême gauche est quatre fois pire que l’extrême droite, qu’il y a dans leur programme «des choses complètement ubuesques, comme aller changer de sexe en mairie».

Inutile de vous expliquer, monsieur le Président, que cette ubuesque possibilité existe déjà dans la loi française, à la seule différence que la demande doit être portée devant un tribunal judiciaire. Il n’y a pas de bloc opératoire dans les mairies. Nous avons laissé derrière nous l’ère de l’inquisition sexopolitique, le temp