Peut-on encore évoquer avec délectation les trous de balle et autres charmants bas morceaux réveilleurs de libido sans se faire traiter de trou du cul ? L’année est assez horrible pour que l’on puisse continuer à parler de ce que l’on veut et de la manière qui nous chante, en littérature comme dans tout acte de création, que l’on soit puissant ou misérable, artisan aux doigts tachés d’encre, utilisateur de Chat GPT ou ministre polygraphe.
Je vous explique. Bruno Le Maire est ministre de l’Economie. Il vient de publier Fugue américaine chez Gallimard. Ce livre de 470 pages est une biographie romancée du pianiste Vladimir Horowitz. Comme par hasard, une des rares scènes de sexe de l’ouvrage a surgi sur les réseaux sociaux. Ricanements, étrillage, moqueries au risque de la veulerie. Pourquoi pas ? C’est le jeu ! Mais il y a aussi de surprenants haut-le-cœur pudibonds et des procès en indignité très exagérés.
Entendons-nous bien, chacun peut s’interroger sur la capacité d’un simple mortel à tenir les rênes de Bercy tout en élaborant des fictions. Et il est possible de critiquer la pertinence du tempo choisi, qui voit l’ouvrage débarquer sur les linéaires quand se prolonge la querelle des retraites. On peut y voir une manœuvre de diversion à l’image de Marlène Schiappa en couverture de Playboy ou d’