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Billet

Nations unies : sauver «le machin» onusien, par Serge July

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L’ONU, créée il y a soixante-dix-huit ans, semble être à bout de souffle dans sa mission de maintien de la paix. A l’heure des multiples crises climatiques, militaires et économiques, il serait temps de réformer l’organisation mondiale.
Le président américain George W. Bush avec des soldats lors d'une visite à Bagdad le 27 novembre 2003, au début de la guerre en Irak. (Tim Sloan/AFP)
publié le 24 septembre 2023 à 18h48

De Gaulle, en 1960, avait qualifié l’ONU d’un mot qui depuis lui colle à la peau, un mot synonyme d’insignifiance : le «machin». A cette époque, en pleine décolonisation du monde, le président français redoutait que les Nations unies interfèrent dans l’imbroglio algérien, qui n’avait pas encore débouché sur l’indépendance. Mais Charles de Gaulle avait rapidement changé de point de vue : «le machin», ce cénacle mondial, où le monde entier s’adressait à tout le monde, pouvait mettre en valeur la diplomatie française, et donner de l’importance à une puissance moyenne. De Gaulle s’y employa avec succès, suivi par tous les présidents qui lui ont succédé.

Mais depuis deux ou trois décennies, on se redemande souvent «à quoi sert l’ONU ?» L’institution qui gère «la paix dans le monde» – c’est sa raison d’être – avait déjà été paralysée durant la guerre froide entre Moscou et Washington, entre la mise en place du rideau de fer stalinien en 1947 et la chute de l’URSS en 1991. Mais elle avait su accompagner la décolonisation en offrant ses services et sa formidable tribune à une multitude d’Etats naissants.

On peut faire la guerre quand on veut

Après 1991, avec l’éclatement de la Yougoslavie, l’ONU retrouve une certaine efficacité. Toutes les agences qui en dépendent irriguent le monde avec des programmes planétaires suractifs. Cette période s’arrête brutalement en 2003 et