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Libération
Chronique «Interzone»

Nous ne sommes pas les hermaphrodites de Michel Foucault, par Paul B. Preciado

Dans un manuscrit inédit récemment publié par Gallimard, le philosophe explique comment les «hermaphrodites» ont été assignés à un sexe dès le XIXe siècle. Son analyse ne s’affranchit pas d’une vision binaire du genre, largement critiquée depuis les années 1970.

Hermaphrodite endormi (réplique romaine d'un original grec du IIe siècle avant J. C.), musée du Louvre. (La Collection)
ParPaul B. Preciado
philosophe
Publié le 18/10/2025 à 9h42

Un inédit de Michel Foucault, écrit entre 1975 et 1979 dans le cadre d’une recherche qu’il prévoyait d’inclure dans les futurs volumes de son Histoire de la sexualité, est publié par Gallimard ces jours-ci sous le titre les Hermaphrodites. Le manuscrit de 160 pages sans titre faisait partie des archives personnelles de l’auteur trouvées dans son appartement de la rue de Vaugirard à Paris au moment de sa mort et cédés par Daniel Defert à la Bibliothèque nationale de France en 2013.

S’il est vrai que le texte concerne les changements de régimes discursifs et de savoir à travers lesquels s’est construite la catégorie de l’hermaphrodisme entre la fin du Moyen Age et le XIXe siècle (il faudrait ajouter en France continentale, car Foucault, hélas, ne travaille pas avec des documents provenant des contextes précoloniaux ou des colonies), on peut se demander comment il est possible, en 2025, de décider d’appeler ce texte sans titre «les hermaphrodites».

Comment Foucault aurait-il intitulé ce texte s’il était publié aujourd’hui à un moment où «les» soi-disant hermaphrodites peuvent prendre la parole pour parler non seulement de leur histoire, mais au