Comment refuser ? Dire non, c’est à la fois très facile et très difficile. On le sait à présent («mais pourquoi elle n’a pas dit non ?») il y a toute une variété de situations, souvent empreintes d’un rapport de dépendance, de domination, où il n’est en réalité pas possible de dire non. Où notre consentement n’est pas vraiment, pas réellement requis. Où il est donc secondaire. Dispensable. Un «oui» serait mieux, certes ; mais, à défaut, on peut toujours s’en passer.
Que faire lorsqu’on ne consent pas au monde même dans lequel on vit ? Ce monde dans lequel un camp de réfugiés est bombardé des dizaines de fois en quelques heures, où des hommes, des femmes et des enfants (tant d’enfants), déjà dépouillés de leur maison, ont été déplacés, soi-disant pour leur sécurité et que, dans cette soi-disant sécurité – une sécurité où les toits sont des voilages, de simples voilages qui battent au vent – ils sont assassinés ? Que faire lorsqu’on ne consent pas aux termes employés pour décrire ce massacre, qui serait un «accident tragique» ? Un «accident tragique» de plus ? Alors qu’au moment même où j’écris ces lignes, une alerte m’annonce une nouvelle frappe sur un camp de réfugiés ?
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Que faire lorsqu’on n’accepte pas qu’un événement pareil soit acceptable ?
Dans la littérature, il arrive que l’on puisse changer les choses par l’inaction. On se retire du monde, et le fait de s’en retirer le modifie en profondeur. Le symbole du refus radical est le célèbre Bartleby de Melville, le copis