Menu
Libération
Chronique «Historiques»

Pap Ndiaye ou le pacte faustien

Article réservé aux abonnés
Chronique «Historiques»dossier
Comment siéger au sein du gouvernement aux côtés de ceux qui ont fait monter l’extrême droite ? Comment l’universitaire de talent, plus «cool» que «woke», évitera-t-il la liquidation libérale de l’Education nationale ?
( )
publié le 23 mai 2022 à 16h30

L’extrême droite ne déçoit jamais. Jadis, Maurras, Daudet, Béraud et consorts traquaient, dans les listes des députés, la moindre consonance ashkénaze : malheur aux suffixes -blum, -berg ou -feld ! Quelques décennies plus tard, les Zemmour, Le Pen ou Ciotti font des chocs allergiques à la mélanine : ils ont suffoqué de voir Taubira nommée garde des Sceaux en 2012, ils défaillent devant Pap Ndiaye. Hier, Taubira détruisait la France avec le mariage pour tous. Aujourd’hui, Ndiaye est un cheval de Troie du «wokisme» importé des Etats-Unis, un suppôt de l’«indigénisme» et on en passe. Clameurs obsidionales (les blancs sont assiégés), apocalyptiques (la fin de la civilisation est proche) et menaçantes, bien propres à la rhétorique réactionnaire inaugurée dans les années 1790, face à la Révolution française : après le complot juif, puis judéo-maçonnique et judéo-bolchevique, voici la conjuration guyano-sénégalaise ou, mot affectionné par Blanquer, Vidal et Macron, qui accusait les universitaires d’avoir «cassé en deux la République», islamo-gauchiste. Détruire la France, vraiment ? Ne voient-ils pas que le nouveau