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Libération
Chronique «Ré/Jouissances»

Paysans, néoruraux et autres coqs montés sur ergots, par Luc Le Vaillant

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Guerre au Proche-Orientdossier
La cohabitation campagnarde oppose, bien au-delà du Clochemerle, les agriculteurs, anciens maîtres impérieux des lieux, et les citadins défroqués qui refusent de sacrifier confort et agrément.
Ici, en 2020, dans une communauté autosuffisante à Plélauff, en Centre-Bretagne. (Martin Bertrand /Hans Lucas via AFP)
publié le 4 décembre 2023 à 18h41

Il y a des querelles de voisinage beaucoup moins tragiques que d’autres. A l’heure où se réactive la guerre Hamas-Israël et où reprend la lutte immémoriale pour des espaces minuscules, il est peu évident de s’intéresser à des nuisances sonores qui n’ont strictement rien à voir avec le sifflement des roquettes au Proche-Orient. Au moment où, suite à la mort de Thomas, 16 ans, s’enkyste la détestable théorie boutefeu d’une opposition radicale entre paisibles villageois amateurs de rugby et charmants jeunes gens des cités armés de couteaux, il est assez faux jeton de se pencher sur des histoires de coqs dressés sur leur tas de fumier et claironnant leur droit à réveiller la compagnie. Pourtant, ça raconte aussi les territoires qu’on perd ou qu’on délaisse, qu’on conquiert ou qu’on a du mal à partager, et puis la résistible migration des villes vers les campagnes.

Dans l’Hexagone, les paysans du cru furent longtemps le sel de la terre. Voici qu’ils se retrouvent confrontés aux irritations des néoruraux. Ces pionniers d’un retour aux sources déjà vu supportent mal que, chez les natifs, se pérennise une arrogance de propri