L’excès de lumière aveugle. C’est peut-être pour cela que, lorsqu’une vérité émerge de manière inattendue, nous sommes presque toujours incapables de la comprendre. Et c’est probablement pour la même raison que l’humanité n’est presque jamais à la hauteur de ses découvertes. L’émerveillement et l’étonnement sont immédiatement étouffés par une terreur panique, par la peur de devoir constater que ce que nous savions était faux ou que la façon dont nous avons façonné notre monde doit être repensée.
Quelque chose de similaire a dû se produire lorsque, dans la Suède du XVIIIe siècle, pour la première fois en Europe, est apparue l’intuition qui a conduit à la découverte de l’écologie. Cela est arrivé aux élèves de Carl von Linné, le biologiste à qui l’on doit la première grande classification de tous les organismes vivants et le système, encore utilisé aujourd’hui, de dénomination binomiale qui permet d’identifier rapidement et universellement de quelle forme de vie il s’agit.
Sociologie du non-humain
Il n’est pas intéressant de s’attarder sur les liens de cette découverte avec le contexte politique environnant : il est certain et évident que seule une culture liée à une forme radicale d’impérialisme, comme celle européenne, possédant donc l’arrogance d’avoir vu tous les êtres vivants présents sur toute la Terre, peut prétendre énoncer une loi de ce type. Pourtant, malgré ses origines ambiguës (ce n’est d’ailleurs pas toujours le cas), la vérité de la découverte était incroyablement nouvelle. Les étudiants