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Libération
Chronique

Photographier Gaza, peindre Kharkiv et mourir : les images indélébiles de Fatima Hassouna et de Margarita Polovinko, par Lola Lafon

Toutes deux ont été tuées ce printemps, l’une à Gaza, l’autre à Kharkiv. Adviendra-t-il le temps où l’art torturé de l’Ukrainienne, où les photos déchirantes de la Gazaouie ne refléteront plus la réalité ?

Une photographie prise par Fatma Hassouna le 2 juin 2024 à Gaza. (Fatma Hossani)
ParLola Lafon
écrivaine
Publié le 11/07/2025 à 11h10

La mort les a réunies toutes deux au printemps 2025. Elles s’y sont rejointes, terriblement. Fatima Hassouna, Margarita Polovinko.

Deux regards, deux visions : l’une photographe, l’autre peintre. Deux témoins. Aujourd’hui, c’est d’elles, de leur brève existence, dont il faut témoigner.

On lit çà et là qu’elles ont été «fauchées», à 25 ans pour l’une, à 31 ans pour l’autre ; il faut dire massacrées. Sans guillemets. Oter leurs fausses pudeurs et leurs guillemets aux massacres, aux génocides, à l’épuration ethnique.

Rendre hommage, c’est reconnaître qu’on a «une dette morale envers quelqu’un, lui témoigner publiquement de la reconnaissance». La dette morale qui est la nôtre ne sera pas soldée par des mots, par une page à peine dans un quotidien. Mais puisse cette page être un espace où leur existence et leur œuvre, à chacune, résonnent encore.

«L’œil de Gaza»

L’œuvre et la vie de Fatima Hassouna, née en 2000 à Gaza, photojournaliste indépendante