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Plus Trump s’essaie à la dictature, plus il y prend goût, par Serge July

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Grisé par la formidable puissance que lui confère la Maison Blanche, le milliardaire ne cesse d’en repousser les limites. Mais sa force se heurte à celle de la Russie de Poutine, et l’Europe prend conscience de sa nécessaire émancipation.
Donald Trump à la Maison Blanche le 30 janvier. (Oliver Contreras/AFP)
publié le 17 mars 2025 à 19h26

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Donald Trump adore prendre des décisions qui magnifient son autorité et qu’aucun de ses prédécesseurs n’aurait osé prendre, sauf à se faire taper sur les doigts par la Cour suprême. Le président américain a le sentiment qu’au-dessus de lui, il n’y a plus rien. Alors il en profite. Dimanche, il a mis en congé le personnel des médias publics exerçant à l’étranger, comme Voice of America ou Radio Free Europe, qui remontaient le moral des populations parquées derrière le Rideau de fer pendant la guerre froide, et qui plus récemment ridiculisaient à l’occasion Fox News. Par ailleurs, les grandes citadelles de presse qui ont fait la gloire intellectuelle de l’Amérique sont privées par leurs propriétaires d’éditoriaux susceptibles de déplaire à Donald Trump. Dans son vertige présidentiel, et tout à la jouissance d’une toute-puissance incontrôlable, il est en train de glisser dans la peau d’un dictateur, avec la brutalité qui accompagne toujours les hommes imbus d’eux-mêmes.

La Maison Blanche a ainsi diffusé fin janvier une liste de 200 mots-clés dont la présence dans un document scientifique expose les chercheurs au risque de se voir privés de budget : «femme», «inclusion», «égalité», «climat»… Oui, même le climat ! Tous ceux qui travaillaient sur ou autour de l’un de ces 200 mots risquent