Le Mont-Saint-Michel est un lieu de mémoire tranchant et clinquant comme une épée dorée qui parfois se fait frémissant comme une pouliche écumante. L’abbaye garde ce caractère altier des étrangetés qui survivent par mégarde aux siècles des siècles et en tirent une gloriole exagérée, celle des prédestinés.
Je comprends volontiers ce qu’Emmanuel Macron espérait en y rendant hommage à la France éternelle. Il se voyait déjà archange frappant de toute sa hauteur la diablerie populacière, l’obligeant à battre en retraite avant de lui faire rendre gorge. Comme le saint patron en question, il parlerait à l’oreille de Jeanne d’Arc, sa vierge préférée, la seule qui l’écoute encore malgré les casserolades. Il se tiendrait en surplomb, flèche ailée et armée, agissant au nom de Dieu, si ce n’est à sa place. Il serait maître des eaux montantes et descendantes, horloger du flux et du reflux, gabelou du sel et guérisseur des plaies qu’il creuse trop souvent. Il serait cheval au galop, prenant de vitesse les conservatismes sédimentés et libérant le grand vent des souffles nouveaux. Il serait mélangeur des humeurs, terre et mer, poivre et miel, pieuvre et poulpe, salicorne royale et président de pré-salé, gothique spirituel et roman national.
Le sacré en bandoulière
Moi, Président, je n’aurais pas fait un choix de cet ordre. Autant la situation géographique est