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Chronique «Economiques»

Pour lutter réellement contre l’inflation

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Ce sont avant tout les pauvres qu’elle atteint de plein fouet. Pour éviter une paupérisation accrue, il faut indexer le montant des prestations sociales sur la hausse des biens dont ils ont effectivement besoin.
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publié le 3 mai 2022 à 21h02

Cette fois c’est sûr, l’inflation revient. De mauvaises récoltes affectent la production de nombreux biens alimentaires, et la baisse de l’offre se traduit par une hausse des prix : en mars, les produits frais ont augmenté de 7,2 % en glissement annuel. Le bouleversement des chaînes de production, affectées par la pénurie de certains composants, entraîne le même effet sur certains biens manufacturés. Surtout, la flambée du prix du pétrole et du gaz, nourrie par la guerre d’Ukraine, entraîne une hausse du coût de l’énergie qui, si elle se prolongeait sur un an au même rythme qu’en mars, serait de 29 %. Pour une consommation représentative d’un foyer «moyen» français, la hausse annuelle des prix serait alors de 4,5 à 5 %.

Ce n’est pas uniquement une mauvaise nouvelle. Car l’inflation érode la valeur de l’épargne accumulée, et diminue d’autant celle des dettes. Pour un ménage, ou un Etat, qui a emprunté 1 000 euros, une hausse des prix de 15 % par an, si elle se traduit par une hausse identique des revenus, ne devra plus rembourser, après trois ans, que la moitié de sa dette. Symétriquement, les créditeurs auront perdu la moitié de la valeur de leur épargne. Certes, la hausse des prix est pour l’instant très inférieure à de tels niveaux ; il n’en reste pas moins que, selon la formule attribuée à Keynes, l’inflation est la manière la plus