Menu
Libération
Chronique «Historiques»

De l’or dans les autotests: de quoi faire miroiter la manip aux enfants?

Article réservé aux abonnés
Chronique «Historiques»dossier
Pour mettre des paillettes dans les yeux des enfants, pourquoi ne pas leur révéler que chaque bande rose contient toute l’histoire du monde, les mines d’or, la Bourse d’Amsterdam, et des millions de petites souris.
(Getty Images)
publié le 20 janvier 2022 à 4h28

Dites-le aux enfants, pour les motiver : il y a dans chaque autotest de minuscules paillettes de la plus précieuse des pierres ; dans chaque boîte, un peu d’or pur, 24 carats. Car il faut savoir que l’or, une fois réduit en particules minuscules et mis en suspension, joue avec la lumière et prend de belles teintes roses. Le phénomène est connu depuis longtemps : on l’utilisait au XVIIe siècle pour teinter le verre, et au XIXe siècle comme procédé photographique, qui donnait de belles images pourpres, les chrysotypes.

Aujourd’hui, les nanoparticules d’or sont la méthode de choix pour colorer nos autotests. Nous connaissons tous le nuancier : les trois gouttes dans le petit puits, la tache rosée qui monte lentement, puis disparaît, le magenta fidèle de la bande C, et le suspense pour la teinte de la bande Test, quand elle apparaît pour notre malheur, du violet foncé, quand on est superpositif, aux roses pastel et mauves pâles des infections en fin de course. Dites-le aux enfants, pour les faire rêver : il y a dans chaque bande rose toute l’histoire du monde, les mines d’or, la Bourse d’Amsterdam, et des millions de petites souris.

Histoire de capitalisme, évidemment. L’or des tests tire la demande mondiale pour le métal précieux – toutes proportions gardées, puisque d’après mes calculs on fait à peu près un million de tests avec un gramme d’or pur. Mais à 1 000 euros le litre de solution de nanoparticules, les quelques producteurs s’y retrouvent. A l’autre bout de la chaîne, les