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Libération
La chronique de Daniel Schneidermann

Proche-Orient : l’indicible deuil

Sur le plateau de «C ce soir», Delphine Horvilleur, rabbine française, porteuse d’une parole tolérante et réconciliatrice, acte douloureusement la fin d’une possible coexistence de deux Etats, israélien et palestinien. Un fois le deuil acté, on fait quoi ?

Un garçon agite un drapeau noir lors d'une manifestation dans la bande de Gaza près de la ville arabe israélienne de Nazareth, le 18 janvier 2009. (Ahmad Gharabli/AFP)
Publié le 05/02/2023 à 21h24

«Il y a les guerres dont on parle tous les jours, attaque Karim Rissouli, et puis il y a les autres, celles qui finissent par tomber dans les oubliettes de l’histoire.» Ainsi amorce-t-il la 6 382e émission de débat sur «le conflit israélo-palestinien». Ce constat se discute. Certes, depuis un an, ce conflit-là a souffert de la concurrence de l’invasion de l’Ukraine. Mais sur la durée, par rapport à d’autres, en Asie ou en Afrique, son palmarès de visibilité médiatique est appréciable. Au regard du coefficient médiatisation/nouveauté, on pourrait même parler de saturation.

Car depuis des décennies, rien ne bouge. Attentats, représailles, répression, intifada, arguments, contre-arguments, polémiques, injonctions à prendre parti : tout n’est que redite usée jusqu’à la corde. Régulièrement, les médias les plus consciencieux, parce qu’il faut bien amortir le coût du poste de correspondant à Jérusalem, s’acquittent d’une émission ou d’un reportage sur le mode : la situation est de pire en pire, les gouvernants israéliens de plus en plus extrémistes, les colons illégaux de plus en plus innombrables, Mahmoud Abbas de plus en plus vieux, les