Il y a une phrase du directeur général de l’Insee dans la dernière note de conjoncture de mars 2021, qui n’a l’air de rien mais est une bombe truffée de sous-entendus : «Dans l’attente d’une éventuelle évolution du cadre juridique, l’Insee n’est pas fermé à contribuer financièrement à l’exploitation statistique réalisée en partenariat, sauf lorsqu’il s’agit de mettre à notre disposition des données déjà existantes au bon format ; la plupart de nos partenaires ont compris cette position.» Traduction : que les boîtes privées qui ont essayé de me faire payer pendant la crise aillent bien se faire cuire un œuf au Kazakhstan, je ne vous passerai pas un kopeck d’argent public pour des données brutes que vous collectez déjà…
Pour comprendre la guerre de tranchées qui se joue encore sur le terrain des données entre l’administration française et les grandes entreprises privées, il faut revenir au samedi soir du 14 mars 2020, veille du premier et seul vrai confinement. Tout va fermer, les entreprises, les commerces et les Français vont rester cloîtrés chez eux. Le directeur de l’Insee comprend qu’il aura besoin de données instantanées de comptabilité nationale pour diagnostiquer ce qui se passe, ce qui va se passer et pour que Bercy décide des politiques publiques de réaction à la crise. Connaître en temps réel l’ampleur des dégâts sur les différents secteurs d’activité, sur l’emploi, avoir un découpage par région… pour réagir au plus près pendant le grand confinement. Or, la no