Vous et moi, peut-être avons-nous un aïeul commun. Un grand-père, disons. Ou un arrière-grand-père. Un arrière-grand-oncle ? Qu’importe. Il vient de fêter ses 100 ans. Pourtant, de cet aïeul, aucune trace dans nos patrimoines génétiques. Il est vrai que ceux-ci ne sont responsables que d’une portion étroite de nos identités. Qui doivent au moins autant à l‘ADN qu’à d’autres figures, d’autres influences. De lui, que pourrions-nous avoir reçu en partage ? Qui un certain idéal. Qui sa faculté d’émerveillement. De ressemblance physique, cependant, il ne peut être question entre nous. Nous n’avons pas ses yeux. Mais nous avons peut-être son regard, qui se perd à certaines heures, en fin de journée, à l’horizon, en quête d’une lueur réelle ou imaginaire.
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Il vient de fêter ses 100 ans, donc. «James Gatz», sur son acte de naissance ; mais on le connaît plutôt sous le nom de «Gatsby». Et il est magnifique. Au départ, pourtant, rien ne semblait l’y destiner. A sa parution, en 1925, l‘œuvre de F. Scott Fitzgerald connaît un accueil positif, mais tempéré. Cependant, au fil des années, des décennies, sa réputation (c’est-à-dire sa charge, c’est-à-dire sa force d’attraction) n’a fait que grandir. On avait cru lire un petit roman charmant et superficiel ; léger et frais comme une fleur coupée, et appelé à connaître le même sort. Il s’est avéré avoir enterré l‘immense majorité de ses contemporains.
Succinctement, c’est l’histoire d’un type qui tombe amoureux en dehors de sa classe sociale et