Dans les choses humaines, tout est affaire de mots. Que l’on prenne celui-ci, plutôt que celui-là, et, soudain, tout change. Prenons un exemple. Si je dis : ce matin, entre 2 h 43 et 4 h 22, des hommes, des femmes et des enfants ont appelé à l’aide. Imaginez la scène : «S’il vous plaît, ont-ils dit, pouvez-vous nous aider ? Nous sommes en train de mourir».
Des êtres humains en danger de mort qui demandent qu’on les sauve. Ça n’est pas rien. C’est suffisamment fort pour que ça reste en tête. On ne peut pas en rester là. La scène est simple, directe. Elle parle au cœur. On imagine le pire. On voit les visages, la peur, la souffrance. On se projette dans ces heures où tout a basculé. On se dit que, nous aussi, on aurait très bien pu passer cet appel. Peut-être même qu’on l’a déjà fait. C’était peut-être à une autre heure. C’était peut-être pour soi ou pour quelqu’un d’autre. On était en danger de mort et quelqu’un a entendu l’appel et nous a sauvés. Possible. Ça arrive tous les jours des choses comme ça. Quelqu’un a besoin qu’on le sauve et quelqu’un répond. Ça parle au cœur, ces hommes, ces femmes, ces enfants, mains tendues. Et, si, d’aventure notre cœur ne nous parlait pas, si toute cette histoire de vie et de mort ne nous disait rien de spécial alors, de toute façon, le droit nous rappellerait à l’ordre et on se souviendrait de ce principe