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Libération
Chronique

Rangement des jeunes, mode d’emploi, par Daniel Schneidermann

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Les bons avec les bons, les nuls avec les nuls mais rangés, cadrés, groupés. Immersion à Nice avec le Premier ministre, accompagné par Dupond-Moretti, au lycée du Parc impérial. Un exercice de com, ruiné par la parole des jeunes.
Le Premier ministre Attal et les ministres Dupond-Moretti, El-Hairy, Agresti-Roubache, en présence du député Ciotti et du maire Estrosi, au lycée Parc Impérial de Nice, le 22 avril 2024. (Valery Hache/AFP)
publié le 28 avril 2024 à 13h25

S’agissant du problème jeune, on a finalement cerné le problème : il suffit de ranger le jeune quelque part. Où l’on voudra, mais rangé, comme une chambre, ou une chambrée. Les bons avec les bons, les nuls avec les nuls (ça s’appelle les «groupes de niveau»). Et le tangent, le vacillant, le potentiellement menaçant avec ses semblables. N’importe où, mais fermé. Pour son bien, naturellement, on n’est plus à l’époque des bagnes d’enfants. Et avec son consentement, puisque l’heure est au consentement. Sinon, il harcèle sur les «zécrans», il incendie les médiathèques, il se rebelle à l’autorité. Voilà pourquoi, ce jour-là, Gabriel Attal est à Nice, au lycée du Parc impérial, suivi par BFM (qui relate en live, sans porter de jugement) et Quotidien (qui ricane au fond de la classe). Suivi aussi par son garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, pour impressionner les récalcitrants.

Le mettre en boîte avec son consentement, la chose semble contradictoire, mais impossible n’est pas macronien. L’impossible se résout avec un petit en même temps. «Est-ce que vous êtes contents d’être là ?» demande Attal, affalé façon manspreading, à une brochette de punis en survêtement assis autour de lui (on va les ranger en internat pendant