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Libération
Chronique du Sahel

Réactivons les luttes féministes et panafricaines des années 1950, par Madina Thiam

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Bamako, 1959. Au premier congrès de l’Union des femmes de l’Ouest africain, des militantes de la première heure livrent un réquisitoire à la fois contre le joug colonial et masculin. Largement oubliée, cette histoire est pourtant un exemple à suivre, dit l’historienne.
Le 9 août 1959, le congrès de l'Union des femmes de l'Ouest africain se tient pour la première fois à Bamako, alors au Soudan français. (STAFF/AFP)
par Madina Thiam, historienne et enseignante-chercheuse à l’université de New York
publié le 21 juin 2025 à 9h20

Chaque mois, des chercheur·ses spécialistes du Sahel livrent à Libération leurs réflexions, leurs éclairages, leurs amusements, leurs colères ou leurs opinions sur la région. Aujourd’hui, le point de vue de Madina Thiam, historienne et enseignante-chercheuse à l’université de New York.

Bamako, 20 juillet 1959. Une foule nombreuse s’est réunie au Collège technique : un millier de personnes, selon Radio Soudan. Plusieurs délégations sont également venues de la Guinée, du Sénégal, et du Dahomey (celle de la Haute-Volta n’arrivera que le lendemain). A écouter les discours ce jour-là, l’événement qui les rassemble est historique : on en parlera longtemps ! Mais aujourd’hui, plus de soixante ans après, le congrès de l’Union des femmes de l’Ouest africain (Ufoa), qui fit de Bamako, quatre jours durant, le carrefour de luttes féminines, panafricaines et anti-impérialistes, a été largement oublié.

Vienne, 1958

A l’entame du congrès, la Soudanaise Sira Diop donne le ton : «Pour la première fois, les Africaines, brisant les barrières géographiques et politiques, se rejoignent librement pour étudier leurs problèmes, qui sont partout les mêmes !» En amont, elle a fait circuler au