Chaque mois, des chercheur·ses spécialistes du Sahel livrent à Libération leurs réflexions, leurs éclairages, leurs amusements, leurs colères ou leurs opinions sur la région. Aujourd’hui, le point de vue de Madina Thiam, historienne et enseignante-chercheuse à l’université de New York.
Bamako, 20 juillet 1959. Une foule nombreuse s’est réunie au Collège technique : un millier de personnes, selon Radio Soudan. Plusieurs délégations sont également venues de la Guinée, du Sénégal, et du Dahomey (celle de la Haute-Volta n’arrivera que le lendemain). A écouter les discours ce jour-là, l’événement qui les rassemble est historique : on en parlera longtemps ! Mais aujourd’hui, plus de soixante ans après, le congrès de l’Union des femmes de l’Ouest africain (Ufoa), qui fit de Bamako, quatre jours durant, le carrefour de luttes féminines, panafricaines et anti-impérialistes, a été largement oublié.
Vienne, 1958
A l’entame du congrès, la Soudanaise Sira Diop donne le ton : «Pour la première fois, les Africaines, brisant les barrières géographiques et politiques, se rejoignent librement pour étudier leurs problèmes, qui sont partout les mêmes !» En amont, elle a fait circuler au