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Chronique

Retour sur la lettre d’excuses de Susan Sarandon, par Tania de Montaigne

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Guerre au Proche-Orientdossier
Exclue de l’agence d’artistes UTA après avoir tenu des propos controversés lors d’un récent rassemblement pro-palestinien à New York, l’actrice américaine s’excuse. Mais de quoi ?
L'actrice Susan Sarandon lors de la manifestation avec des militants pro-Palestiniens, à New York, le 17 novembre 2023. (Stephanie Keith/NYT. REDUX. REA)
publié le 14 décembre 2023 à 6h06

Ces jours-ci, je pensais à Susan Sarandon, à cette phrase que la comédienne américaine a prononcée lors d’un rassemblement pro-palestinien à New York : «Il y a beaucoup de gens qui ont peur d’être juifs en ce moment, et ils ont un avant-goût de ce que ça fait d’être un musulman dans ce pays.» Cette déclaration a entraîné son renvoi de l’agence artistique qui la représentait suivi d’un communiqué de l’actrice rédigé en ces termes : «Cette formulation était une terrible erreur, car elle sous-entend que jusqu’à présent, les juifs ne connaissaient pas la persécution alors, qu’en réalité, c’est l’inverse […]. Les juifs sont depuis longtemps familiers de la discrimination et de la violence commise en raison de leur religion, qui perdurent encore aujourd’hui.»

Tout dans cette séquence, depuis la déclaration en pleine rue jusqu’aux excuses sur Instagram, raconte l’antisémitisme le plus basique, celui qui fait d’un juif, le Juif, total, omniscient. Elle raconte aussi combien parler des Palestiniens dans un rassemblement pro-palestinien est assez subalterne (les Palestiniens n’intéressent réellement que peu de gens), parler du gouvernement israélien ne passionne pas grand-monde non plus, non, l’essentiel, c’est de parler des Juifs avec un grand «J» et de leur promettre le pire où qu’ils soient dans le monde. En suivant cette logique, agresser un juif dans le Wyoming permettrait forcément à un Gazaoui de mieux vivre.

L’autre élément frappant de cette histoire, c’est le text