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Chronique «Ré/Jouissances»

RN, diaboliser n’est pas gagner, par Luc Le Vaillant

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La lutte contre le Rassemblement national est déjà compliquée à mener, raison de plus pour ne pas déguiser le parti xénophobe en grand satan.
Jordan Bardella et Marine Le Pen à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 janvier 2023. (Denis Allard/Libération)
publié le 6 juin 2023 à 6h58

Rien n’y fait. Que le Rassemblement national soit diabolisé ou banalisé, mis à l’index moral ou traité comme un parti politique à peu près normal, force est d’admettre que cela ne change pas grand-chose. Dans les urnes, le parti de Marine Le Pen continue à prospérer. En conséquence, au strict plan électoral, je me garderais bien de recommander l’une ou l’autre tactique. Toutes deux ayant fait preuve de leur incapacité à endiguer la résistible ascension de celle à qui il est difficile de gribouiller une moustache de sinistre mémoire, celle que Brecht prêtait à Arturo Ui.

D’abord, renvoyons dos à dos Macron et Borne qui se sont empaillés sur la meilleure manière de lutter contre leur providentiel adversaire et réglons la querelle du passé avec un «en même temps» jésuite. Oui, le Front national a une lointaine connivence avec le pétainisme, et son slogan «travail, famille, patrie». Précisons que, dans les années 70, Jean Marie Le Pen était surtout entouré d’une escouade de nostalgiques de l’Algérie Française et d’une flopée de poujadistes. Aujourd’hui le RN de Marine qui a repris la boutique FN de Jean-Marie, tout en ripolinant s