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Sacrilège, Sciences-Po est occupée, par Daniel Schneidermann

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Pour Elisabeth Badinter et Anne Sinclair, les étudiants ont le droit constitutionnel de critiquer le gouvernement israélien, pourvu qu’ils restent dans les limites de la bienséance.
Blocage de la rue Saint-Dominique devant Sciences-Po Paris par des étudiants pro-Palestiniens, le 6 mai 2024. (SERGE TENANI/Hans Lucas via AFP)
publié le 6 mai 2024 à 20h24

Là, soudain, tout d’un coup, fini de rire. On a touché à Sciences-Po. Sciences-Po a été «bloquée». Sciences-Po, ce n’est pas le premier lycée venu. Ce n’est même pas la Sorbonne, c’est davantage, plus fort, plus haut. Cette école, qui était «au cœur de notre système de formation, se souvient sur France Info Alain Minc, conseiller de présidents, était un temple de la modération, ça devient un cheval de Troie du wokisme.» Car avant même d’être bloquée par des étudiants en soutien à la Palestine, Sciences-Po avait déjà subi une salve d’avertissement du wokisme anglo-saxon : la démission forcée de son directeur poursuivi pour violences conjugales contre son ancienne compagne.

Il s’agit de ne pas dépasser les limites

Attention. Le chœur des grands anciens et des grandes anciennes affligé·e·s n’a rien contre la politisation des étudiants en science politique. Ce serait bien le comble : les travaux pratiques sont toujours formateurs. «Je trouve très bien que les étudiants se mobilisent, admet Anne Sinclair (collaboratrice de Libération) sur France 5. C’est tout à fait dans la logique. Quand j’étais dans cette école, on manifestait contre la guerre du Vietnam. On a le droit de critiquer Nétanyahou. D’ailleurs, moi-même je le critique. Il mène une guerre don